Taux de conversion LPP en 2e pilier : quels effets sur votre pension et le splitting ?
Vous cotisez chaque mois au 2e pilier dans votre caisse de pension, en complément de votre AVS (1er pilier), mais savez-vous vraiment comment ce capital se transforme en rente de vieillesse ? Tout se joue dans un élément souvent méconnu : le taux de conversion LPP.
Ce taux de conversion indique quelle pension annuelle en CHF vous recevez pour chaque franc de capital accumulé dans votre prévoyance professionnelle. Il varie selon les caisses, la part obligatoire ou surobligatoire et les évolutions du régime LPP.
Pour mieux vous préparer et vous assurer une retraite paisible, découvrez ce qu’est le taux de conversion LPP, en quoi il influence directement le montant de votre rente, comment le splitting peut modifier vos droits et quelles réformes risquent d’impacter votre retraite dans les prochaines années.
Taux de conversion LPP : définition et rôle dans la prévoyance professionnelle
En Suisse, votre retraite repose sur plusieurs piliers.
-
Le 1er pilier (AVS) couvre les besoins vitaux.
-
Le 2e pilier (LPP) complète ce revenu pour maintenir votre niveau de vie.
Dans ce 2e pilier, la clé de votre rente de vieillesse s’appelle le taux de conversion LPP.
Concrètement, le taux de conversion est un pourcentage qui sert à transformer votre capital de prévoyance professionnelle en rente annuelle.
La formule reste simple :
Rente annuelle = capital de vieillesse en CHF × taux de conversion
Si votre capital atteint CHF 300'000 et que votre caisse de pension applique un taux de conversion de 6,8 %, votre rente de vieillesse annuelle sera de CHF 20'400, soit CHF 1'700 par mois (hors AVS).
Ce taux de conversion joue donc un rôle central dans votre pension totale :
-
un taux plus élevé augmente le montant de la rente,
-
un taux plus bas réduit les versements, même avec le même capital.
Il existe un taux de conversion minimal prévu par la loi pour la partie obligatoire de la LPP. Au-dessus de ce socle, chaque caisse de pension fixe ses propres règles, surtout pour la part surobligatoire. Résultat : deux assurés avec un capital identique, dans deux régimes différents, peuvent percevoir un montant de rente très différent.
Ce mécanisme tient compte notamment de l’espérance de vie et de la capacité de la caisse à financer les rentes sur la durée. Plus les rentes doivent être versées longtemps, plus la tendance générale va vers des taux de conversion en baisse, d’où l’importance de bien comprendre ce chiffre pour anticiper votre retraite et vos besoins réels de revenu.
Je veux savoir quel est le taux appliqué par ma caisse de pension
Comment se calcule le taux de conversion LPP ?
Le taux de conversion LPP n’est pas un chiffre choisi au hasard. Il résulte d’un équilibre entre :
-
le capital que vous avez épargné dans votre prévoyance professionnelle,
-
la durée probable de versement de la rente (l’espérance de vie),
-
et le rendement attendu des placements de la caisse de pension.
La formule de base : du capital à la rente
Le principe reste toujours le même :
Rente annuelle de vieillesse = capital LPP en CHF × taux de conversion
Exemple simple :
-
Capital de vieillesse LPP : CHF 300'000
-
Taux de conversion : 6,8 % (taux minimum en vigueur en 2025)
-
Rente annuelle = CHF 300'000 × 6,8 % = CHF 20'400, soit CHF 1'700 par mois
Si, avec le même capital, le taux passe à 5,4 %, la rente chute à CHF 16'200 par an, soit CHF 1'350 par mois.
Quelques dixièmes de pourcent en moins peuvent donc représenter une perte de plusieurs centaines de francs par mois sur votre pension.
Taux minimal légal et part surobligatoire
La loi fixe un taux de conversion minimal pour la partie obligatoire de la LPP (6,8 % en 2025). Ce taux s’applique uniquement au capital accumulé dans le régime minimal légal (sur le salaire coordonné).
Au-dessus de ce socle, votre caisse de pension peut proposer un régime surobligatoire :
-
salaires plus élevés assurés,
-
cotisations supplémentaires,
-
règles internes de calcul de la rente.
Pour cette part surobligatoire, le taux de conversion n’est pas imposé par la loi. La caisse peut appliquer un taux plus bas que le minimal LPP, ce qui réduit la rente issue de cette partie du capital.
Au final, votre rente de vieillesse résulte d’un mélange :
-
taux minimal pour la part obligatoire,
-
taux spécifique de la caisse pour la part surobligatoire.
C’est pourquoi deux personnes avec un capital total similaire, mais dans deux caisses différentes, peuvent percevoir une rente très différente, alors même qu’elles ont cotisé pendant autant d’années. D’où l’importance de bien comprendre le règlement de votre caisse de pension et la manière dont elle applique ses taux de conversion.
Imaginons un capital surobligatoire de CHF 200'000 au moment de la retraite :
| Exemple de caisse | Capital surobligatoire pris en compte | Taux de conversion sur la part surobligatoire | Rente annuelle issue de la part surobligatoire | Rente mensuelle (approx.) |
|---|---|---|---|---|
|
Caisse A |
CHF 200'000 |
5,2 % |
CHF 10'400 |
env. CHF 870 |
|
Caisse B |
CHF 200'000 |
4,8 % |
CHF 9'600 |
env. CHF 800 |
|
Caisse C |
CHF 200'000 |
5,5 % |
CHF 11'000 |
env. CHF 920 |
À capital surobligatoire identique, la différence entre un taux de conversion de 4,8 % et de 5,5 % représente près de CHF 1'400 de rente annuelle, soit plus de CHF 100 par mois sur la pension liée à cette seule partie du 2e pilier.
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Taux de conversion LPP et splitting : quel impact sur votre rente ?
Le splitting intervient principalement en cas de divorce ou de dissolution d’un partenariat enregistré. Le principe : les avoirs de prévoyance professionnelle accumulés pendant le mariage sont, en règle générale, partagés entre les ex-conjoints.
Concrètement, une partie du capital LPP d’un conjoint est transférée vers la caisse de pension de l’autre. Ce transfert modifie :
-
le montant du capital détenu par chacun dans le 2e pilier,
-
et parfois la répartition entre part obligatoire et part surobligatoire, donc les taux de conversion appliqués plus tard.
Splitting : ce qui change pour votre capital LPP
Avant le splitting, chaque conjoint dispose de son propre capital de prévoyance professionnelle, lié à son parcours professionnel et à son régime de caisse.
Après le partage, le capital de vieillesse de chacun peut :
-
diminuer pour celui qui avait l’avoir le plus élevé,
-
augmenter pour celui qui avait peu ou pas cotisé dans la LPP (par exemple en cas de temps partiel, interruption de carrière, etc.).
Exemple simplifié :
-
Conjoint A : CHF 400'000 de capital LPP
-
Conjoint B : CHF 100'000 de capital LPP
Après un partage à parts égales sur les avoirs concernés, chacun pourrait se retrouver avec CHF 250'000 de capital dans sa caisse ou dans une nouvelle institution de prévoyance.
À ce stade, le taux de conversion LPP reste le même principe :
Rente annuelle = capital en CHF × taux de conversion
Mais deux éléments peuvent faire varier la rente de vieillesse finale :
-
le nouveau montant de capital après splitting ;
-
le règlement de la caisse vers laquelle le capital est transféré (taux minimal, taux sur la part surobligatoire, etc.).
Quand le splitting touche la part surobligatoire
Le splitting ne concerne pas uniquement la part obligatoire. Il peut aussi toucher la part surobligatoire, selon la situation et les règles appliquées. Or, pour cette part surobligatoire, les taux de conversion sont souvent plus bas et varient d’une caisse à l’autre.
Résultat possible :
-
la personne qui transfère une partie de son capital perd une fraction de son capital surobligatoire, souvent rémunéré à un taux de conversion plus faible ;
-
la personne qui reçoit ce capital le voit intégré dans son propre régime de prévoyance, avec les taux de conversion (obligatoire et surobligatoire) fixés par sa caisse.
Dans certains cas, le splitting peut donc :
-
réduire de manière significative la future pension du conjoint disposant d’un capital LPP élevé,
-
améliorer la sécurité de revenu à la retraite de l’autre conjoint, qui bénéficiera d’une rente de vieillesse plus stable au lieu de dépendre uniquement de l’AVS.
Pourquoi une analyse personnalisée est indispensable
Le splitting intervient souvent plusieurs années avant l’âge de la retraite. Vous disposez alors d’un temps précieux pour :
-
mesurer l’effet réel sur votre capital de prévoyance et sur votre future rente,
-
envisager des rachats LPP pour reconstituer un capital suffisant,
-
compléter votre 2e pilier avec un 3e pilier ou d’autres solutions d’épargne,
-
revoir vos objectifs de revenu de retraite (coordination AVS + LPP + patrimoine privé).
Parce que chaque situation mélange régime obligatoire, part surobligatoire, historique de cotisations et espérance de vie, le splitting doit toujours se lire à la lumière :
-
des taux de conversion appliqués par votre caisse,
-
des réformes LPP en cours ou à venir,
-
et de l’ensemble de votre stratégie de prévoyance professionnelle.
C’est ce qui rend l’accompagnement spécialisé particulièrement utile au moment d’un divorce ou d’une séparation, mais aussi dans les années qui suivent, pour ajuster votre plan de retraite.
Réformes LPP : quelles conséquences sur les taux de conversion ?
Le taux de conversion LPP baisse progressivement, principalement parce que les retraités vivent plus longtemps et que les caisses de pension doivent verser des rentes sur une durée plus longue, avec des rendements parfois plus faibles. Pour préserver l’équilibre du système, les caisses réduisent leurs taux de conversion, surtout sur la part surobligatoire, et adaptent leurs plans de prévoyance.
La réforme LPP vise à adapter le 2e pilier à cette nouvelle réalité :
-
ajuster le taux de conversion minimal pour la part obligatoire,
-
sécuriser la situation financière des caisses,
-
maintenir un niveau de pension acceptable pour les assurés.
Pour vous, cela signifie concrètement :
-
un taux de conversion plus bas à l’avenir,
-
des rentes de vieillesse potentiellement plus faibles à capital identique,
-
la nécessité de suivre de près votre prévoyance professionnelle, de comprendre quels taux seront appliqués et de simuler plusieurs scénarios (âge de départ, rachats LPP, complément par le 3e pilier, etc.).
En résumé, vous ne pouvez plus vous limiter au montant de votre capital LPP : il devient essentiel de savoir à quels taux de conversion il sera transformé en rente et d’anticiper ces évolutions pour éviter de mauvaises surprises au moment de la retraite.
Si vous avez des doutes sur votre certificat de caisse de pension, sur votre future rente ou sur l’effet des réformes, vous pouvez demander un bilan de prévoyance personnalisé. Nous analysons votre situation, vos avoirs de prévoyance et vos objectifs, puis nous vous proposons une stratégie de retraite sur mesure pour sécuriser vos revenus et faire les bons choix entre rente, capital et compléments de patrimoine.
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