Cotisation LPP suisse : c'est quoi au juste ?
En Suisse, la prévoyance professionnelle, plus connue sous le nom de LPP (Loi sur la Prévoyance Professionnelle), constitue le deuxième pilier du système de retraite. Son objectif : garantir un revenu suffisant après la vie active, en complément de l’AVS, tout en assurant une protection financière en cas d’invalidité ou de décès.
Chaque mois, salariés et employeurs versent des cotisations LPP à une caisse de pension, mais peu savent réellement comment ces montants sont calculés ni à quoi ils servent. Or, comprendre le fonctionnement de ces contributions est essentiel pour anticiper sa pension future et éviter les lacunes de prévoyance.
En 2025, plusieurs ajustements sont prévus : modification des seuils d’entrée, révision du taux de coordination et adaptation progressive du taux de conversion. Ces changements auront un impact direct sur le montant de vos cotisations et, à terme, sur le capital que vous toucherez à la retraite.
Dans cet article, nous vous expliquons de manière simple et concrète :
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comment fonctionne la cotisation LPP ;
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sur quelles bases elle est calculée ;
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quelles sont les évolutions prévues en 2025 ;
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et pourquoi il est important de suivre régulièrement votre situation de prévoyance.
Qu’est-ce que la LPP et à quoi sert-elle ?
La LPP (Loi sur la prévoyance professionnelle) constitue le 2ᵉ pilier du système suisse. Elle complète l’AVS (1er pilier) et se combine avec le 3e pilier (épargne individuelle). L’objectif du 2ᵉ pilier : maintenir, à la retraite, un niveau de salaire proche de la vie active et offrir une protection en cas d’invalidité ou de décès.
Concrètement, votre employeur vous affilie à une caisse de pension. Vous versez des cotisations prélevées sur le salaire, votre employeur cotise aussi. Ces montants financent des prestations sous forme de rente ou de capital à la retraite, ainsi que des rentes en cas d’invalidité ou pour les survivants.
On distingue deux cadres juridiques et techniques :
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LPP obligatoire : protège la part du salaire AVS comprise dans un corridor légal et applique des règles minimales (assurance vieillesse, invalidité, survivants, taux et bases de calcul définis par la loi).
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Surobligatoire : couvre la part de salaire au-delà du champ obligatoire. La caisse de pension fixe alors ses propres règles (barèmes de cotisation, taux d’intérêt crédité, options de prestations). Ce volet pèse souvent fortement sur la pension finale pour les revenus plus élevés.
Pourquoi cela compte pour vous ?
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Vous sécurisez un revenu de vieillesse (rente ou capital) exprimé en CHF.
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Vous protégez votre famille contre les aléas (rentes invalidité et survivants).
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Vous bénéficiez d’un cofinancement par l’employeur, avantage clé du 2ᵉ pilier.
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Vous optimisez votre trajectoire de retraite en pilotant vos cotisations et vos choix (rente vs capital, rachats, etc.).
À retenir
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La LPP = épargne salariale professionnelle + assurance des risques.
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Deux couches : obligatoire (socle légal) et surobligatoire (flexibilité et potentiel d’optimisation).
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Les règles de calcul s’appuient sur votre salaire AVS, un salaire assuré défini par la loi et des taux de cotisation progressifs selon l’âge.
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Votre stratégie (rachat, choix de plan, sortie en rente ou en capital) influence directement vos futures prestations.
Besoin d’y voir clair sur votre certificat de caisse de pension et vos cotisations LPP ? Adavia analyse votre situation et propose des actions concrètes pour renforcer votre prévoyance.
Je souhaite analyser ma situation
Qui cotise à la LPP et à partir de quel revenu ?
Qui est concerné ?
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Tous les salariés assujettis à l’AVS doivent être affiliés à une caisse de pension dès que leur salaire annuel dépasse le seuil d’entrée LPP. En 2025, ce seuil est fixé à CHF 22'680. L’employeur a l’obligation d’affilier et de financer au moins 50 % des cotisations.
À partir de quel âge ?
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L’assurance débute au plus tôt dès la 17e année révolue (couverture invalidité et décès).
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Les cotisations vieillesse (constitution de la pension / rente ou capital) commencent le 1er janvier suivant les 24 ans.
Bases de calcul clés en 2025 (partie obligatoire LPP)
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Déduction de coordination : CHF 26'460 ; elle est soustraite du salaire AVS pour obtenir le salaire assuré (dit « coordonné »).
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Salaire coordonné minimal : CHF 3'780 ; maximal : CHF 64'260.
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Salaire annuel AVS maximal pris en compte : CHF 90'720.
Cas fréquents et situations particulières
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Temps partiel / plusieurs employeurs : chaque contrat est examiné séparément. Si au moins un salaire dépasse CHF 22'680, il est assuré obligatoirement. Si aucun contrat ne dépasse le seuil mais que la somme de vos salaires le dépasse, vous pouvez demander une assurance facultative (en pratique, via l’Institution supplétive LPP), afin d’éviter des lacunes de prévoyance.
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Contrats courts : les rapports de travail de ≤ 3 mois ne déclenchent en principe pas l’obligation LPP ; s’ils sont prolongés, l’affiliation devient requise.
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Indépendants : pas d’obligation dans la LPP ; ils peuvent toutefois s’affilier volontairement à une institution de prévoyance ou privilégier le 3e pilier pour leur prévoyance.
Mini-tableau récap (2025)
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Seuil d’entrée (salaire annuel AVS) : CHF 22'680
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Déduction de coordination : CHF 26'460
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Salaire coordonné (fourchette) : CHF 3'780 → CHF 64'260
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Âges clés : couverture risques dès 17 ans ; cotisations vieillesse dès 24 ans révolus + 1er janvier.
Besoin de vérifier votre salaire assuré, vos taux de cotisation et l’impact sur vos prestations ? Adavia peut analyser votre certificat de caisse de pension et identifier des pistes d’optimisation (plans surobligatoires, rachats, coordination avec le 3e pilier).
Comment se calculent les cotisations LPP ?
Pour la partie obligatoire du 2ᵉ pilier, le calcul repose sur trois briques :
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le salaire assuré (dit « coordonné »),
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un taux de bonification de vieillesse selon l’âge,
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la répartition employeur/employé.
1) Déterminer le salaire assuré (coordonné)
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On part du salaire annuel AVS.
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On soustrait la déduction de coordination (fixée à CHF 26'460 en 2025).
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Le résultat est borné entre un minimum (CHF 3'780) et un maximum (CHF 64'260) pour le régime obligatoire.
Formule (obligatoire) :
Salaire assuré = Salaire AVS – CHF 26'460, borné à [3'780 ; 64'260] en 2025.
2) Appliquer le taux de bonification de vieillesse
Ces pourcentages s’appliquent au salaire assuré et varient par tranche d’âge :
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25–34 ans : 7 %
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35–44 ans : 10 %
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45–54 ans : 15 %
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55–64/65 ans : 18 %
Ces taux sont les minima légaux pour la partie obligatoire.
3) Répartir la cotisation entre employeur et employé
La loi exige que l’employeur finance au moins 50 % du total des cotisations (vieillesse + risques/administration) ; beaucoup d’entreprises paient davantage.
À savoir
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En plus de la bonification de vieillesse ci-dessus, votre plan comprend des cotisations « risques » (invalidité/décès) et frais fixés par la caisse ; ils s’ajoutent au pourcentage d’épargne. (Les pourcentages exacts varient selon la caisse et le volet surobligatoire.)
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L’avoir de vieillesse est intérêté au moins au taux d’intérêt minimal LPP fixé par le Conseil fédéral (1,25 % en 2025 pour la part obligatoire) ; les caisses peuvent créditer plus, surtout sur la part surobligatoire.
Exemple de calcul (obligatoire) – Salaire annuel AVS : CHF 80'000 (année 2025)
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Salaire assuré : 80'000 – 26'460 = 53'540 CHF (dans la borne [3'780 ; 64'260]).
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Âge 37 ans ⇒ taux 10 % ⇒ bonification de vieillesse = 53'540 × 10 % = 5'354 CHF.
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Part minimale employeur ≥ 50 % ⇒ au moins CHF 2'677 à charge employeur et CHF 2'677 à charge employé (hors primes risques/frais).
Bon à savoir pour le temps partiel : la déduction de coordination LPP est un montant fixe dans le régime obligatoire, ce qui peut réduire fortement le salaire assuré des personnes à temps partiel ; c’est l’une des raisons des discussions de réforme (adapter le salaire assuré et faciliter l’accès). Certaines caisses améliorent cela via la partie surobligatoire.
Quelles prestations votre cotisation LPP finance-t-elle ?
Les cotisations versées par vous et votre employeur à la caisse de pension servent à financer trois familles de prestations du 2e pilier en Suisse : vieillesse, invalidité et décès. Elles complètent l’AVS afin d’assurer un revenu global (rente ou capital) proche de votre salaire de référence.
Vieillesse : rente ou capital à la retraite
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Avoir LPP : chaque année, vos cotisations d’épargne (dites “bonifications de vieillesse”) s’ajoutent à votre compte, rémunéré à un taux d’intérêt minimal (part obligatoire) ; la part surobligatoire suit les règles du plan.
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Sortie : au moment de la retraite, vous choisissez entre une rente viagère, un capital en une fois (ou un mix).
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Taux de conversion : la rente provenant de la part obligatoire est calculée avec un taux légal (qui tend à baisser à long terme) ; la part surobligatoire est convertie selon les règles de la caisse.
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Âge de retraite et flexibilités : retraite anticipée (réduction de rente) ou différée (majoration), selon règlement.
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Fiscalité (aperçu) : la rente est imposable comme revenu ; le capital est imposé séparément (impôt unique), en CHF souvent à un barème réduit par rapport au revenu courant (varie selon canton/situation).
Invalidité : protection du revenu en cas d’atteinte durable
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Rente d’invalidité : si vous devenez invalide au sens LPP, la caisse verse une rente calculée sur le salaire assuré et le degré d’invalidité.
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Rentes pour enfants : des rentes d’invalidité pour enfants (souvent 20 % de la rente principale) peuvent s’ajouter jusqu’à la majorité/fin de formation.
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Exonération des cotisations : en cas d’invalidité reconnue, les cotisations d’épargne peuvent être prises en charge par l’assurance (selon règlement), pour éviter une érosion de votre future pension.
Décès : protection des proches (survivants)
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Rente de conjoint/partenaire : une rente de survivant peut être versée au conjoint ou au partenaire enregistré (conditions prévues par la loi et/ou le règlement).
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Rentes d’orphelin : versées aux enfants jusqu’à un âge limite (souvent fin d’études).
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Bénéficiaires en concubinage : souvent possibles si vous avez annoncé la relation et respecté les conditions (durée de vie commune, entretien commun, etc.).
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Capital décès : certains plans prévoient un capital en complément ou en alternative.
Prestations “en cours de carrière” : mobilité et logement
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Libre passage : si vous changez d’employeur, votre avoir LPP est transféré à la nouvelle caisse ; si vous cessez d’être assuré, il part sur un compte de libre passage.
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EPL / WEF (accès à la propriété) : vous pouvez retirer ou mettre en gage une partie de votre avoir LPP pour financer votre résidence principale ; cela réduit toutefois la pension future si vous ne remboursez pas.
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Divorce / séparation : partage de l’avoir LPP accumulé pendant l’union selon le droit applicable.
Ce qui fait varier vos prestations
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Niveau de salaire et “salaire assuré” (coordonné)
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Âge (taux d’épargne croissants) et durée de cotisation
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Part employeur (souvent > 50 % dans les bons plans)
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Rendements crédités par la caisse (intérêts, excédents)
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Règles surobligatoires (barèmes, taux de conversion, bonus)
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Choix personnels : rachat LPP, capital vs rente, EPL, etc.
Vos cotisations LPP n’achètent pas seulement une pension de vieillesse : elles financent aussi une assurance invalidité et une protection des survivants. La qualité du plan (notamment la part surobligatoire) influence fortement vos prestations finales.
Besoin d’une lecture claire de votre certificat LPP (taux, parts employeur/employé, projections de rente en CHF) ? Adavia réalise une analyse de prévoyance et identifie des leviers d’optimisation (rachats, mix rente/capital, coordination avec AVS et 3e pilier).
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