Est-ce avantageux de travailler après la retraite ?

Arriver à l’âge de référence ne signifie pas forcément tirer un trait définitif sur l’activité professionnelle : reporter sa retraite quelques années peut transformer une pension modeste en rente AVS nettement plus confortable. Pour beaucoup de frontaliers franco-suisses, dont la carrière se partage entre deux systèmes, ce décalage stratégique aide à combler d’éventuels trous de cotisations et à solidifier le 2ᵉ pilier. Continuer à travailler permet de générer de nouveaux revenus, tout en majorant la rente grâce aux bonus d’ajournement prévus par la caisse AVS et, le cas échéant, par la prévoyance professionnelle.

Reporter l’âge de départ offre aussi un double avantage : préserver le pouvoir d’achat face au coût de la vie et améliorer le capital transmissible à la famille. En repoussant la retraite, vous continuez à cotiser, évitez une décote éventuelle et profitez d’une majoration pouvant atteindre plus de 30 % sur votre pension AVS après cinq ans de report. Ajoutez-y la possibilité de renforcer votre 2ᵉ pilier grâce aux rachats fiscalement déductibles, et vous détenez un levier puissant pour sécuriser votre avenir financier.

Prêt à optimiser votre rente vieillesse ? Plongeons dans les détails pour transformer ces années supplémentaires d’activité en véritables atouts patrimoniaux.

Pourquoi reporter sa retraite ?

Reporter l’âge de référence de quelques mois, ou jusqu’à cinq ans, représente un levier puissant pour doper votre rente de vieillesse lorsque vos cotisations sont dispersées entre la France et la Suisse.

Un supplément de rente AVS immédiat

La caisse AVS accorde une majoration proportionnelle au nombre de mois reportés :

Combler les « trous » de carrière des frontaliers

• Les années passées à travailler côté France ne comptent pas pour le calcul AVS.

• En poursuivant une activité salariée ou indépendante, vous alimentez de nouvelles cotisations AVS et 2ᵉ pilier.

• Vous évitez la décote française liée aux trimestres manquants tout en « gonflant » votre pension helvétique.

Optimiser le 2ᵉ pilier et la prévoyance privée

• Après 65 ans, l’employeur et vous continuez à cotiser, il faut compter +0,2 % par année de report.

• Vous pouvez encore effectuer des rachats déductibles fiscalement : un moyen rapide de booster la rente ou le capital du 2ᵉ pilier.

• Le report laisse plus de temps à vos avoirs pour fructifier, intéressant en période de marchés volatils.

Flexibilité introduite par AVS 21

Depuis 2024, il est possible d’ajourner seulement 20 % à 80 % de la rente, puis de lever la part différée quand vous le décidez. Cette option s’adapte aux besoins de revenus progressifs ou au financement d’un projet précis.

Effet psychologique et social

• Maintenir une activité professionnelle entretient réseau, estime de soi et santé cognitive.

• Le passage progressif à la retraite facilite la transition, surtout si vous chérissez le travail ou que vous gérez une entreprise.

En résumé : pour un frontalier qui craint une retraite incomplète, repousser le départ peut transformer un déficit de cotisations en rente confortable, tout en laissant l’option de travailler à temps choisi. La suite ? Nous verrons comment appliquer concrètement ces règles et comparer ce report à un cumul emploi-retraite.

Règles suisses d’ajournement de la rente AVS : mode d’emploi

Âge de référence et fenêtre de décision

Depuis la réforme AVS 21, hommes et femmes partent à 65 ans, l'âge de référence. Vous pouvez repousser l’ouverture de votre droit de 1 à 5 ans, avec la liberté de lever l’ajournement à n’importe quel moment. La demande d’ajournement se dépose au plus tard dans les 12 mois qui suivent l’âge de référence ; au-delà, la rente démarre automatiquement sans bonus.

Montant : majoration progressive de la rente

Le supplément est fixé par la loi ; il grimpe par paliers mensuels jusqu’à + 31,5 % après cinq ans (cf. tableau ci-dessus)

Exemple : une rente de CHF 2'000 passe à CHF 2'630 après cinq ans de report, soit + CHF 7'560 par an à vie.

Procédure pratique auprès de la caisse AVS

1. Demande écrite d’ajournement (ou partiel) à votre caisse de compensation avant la fin du délai d’un an.

2. Joindre le formulaire AVS 21 + copie du passeport / carte d’identité.

3. Réception d’une “décision de droit” confirmant la période de report et le pourcentage ajourné.

4. Possibilité de révoquer l’ajournement chaque mois ; le versement démarre le mois suivant la demande.

Conséquences sur les cotisations pendant le report

• AVS/AI/APG : franchise de CHF 1'400 de salaire mensuel ; seules les parts supérieures supportent des cotisations, ce qui augmente encore la future rente.

• 2ᵉ pilier : l’employeur continue à cotiser si vous restez salarié ; vous pouvez également effectuer des rachats fiscalement déductibles pour combler des années lacunaires.

• Impôt : le revenu perçu reste imposable mais la majoration future de rente n’est pas taxée d’avance.

Deuxième pilier : continuer à cotiser après 65 ans

Pourquoi laisser vivre votre prévoyance professionnelle ?

Vous poursuivez votre activité au-delà de l’ âge de référence ? Votre employeur et vous-même pouvez maintenir les cotisations LPP (en principe celles-ci s'arrêtent à l'âge de référence), parfois à un taux d’épargne plus élevé. Chaque franc versé :

• Augmente directement le capital accumulé dans la caisse de pension.

• Profite d’un rendement net d’impôt tant que le capital reste investi.

Report de la rente LPP : capital ou rente différée ?

Astuce fiscale : effectuez vos rachats LPP au moins trois ans avant tout retrait en capital ; sinon l’économie d’impôt sera reprise par le fisc.

Impact concret sur vos chiffres

Prenons l’exemple d’un frontalier de 66 ans gagnant CHF 90'000 brut ; il conserve un taux d’activité de 60 % jusqu’à 68 ans.

Pilier 3a : la cerise sur le gâteau

Tant que vous exercez une activité lucrative soumise à l’AVS, vous pouvez continuer à verser sur votre pilier 3a jusqu’à 70 ans. Vous abaissez d’autant votre revenu imposable immédiat, puis choisissez librement entre rente ou capital au dénouement ; certaines institutions de libre passage acceptent même un report du retrait au-delà de 70 ans pour les indépendants actifs.

Quels sont les coûts et assurances à vérifier ?

• Primes risque décès / invalidité : certaines caisses réduisent la couverture après 65 ans, interrogez-les pour éviter une lacune.

• Assurances accident professionnelles : prolongez la LAA/LAA complémentaire si vous restez salarié.

• Frais de gestion LPP : comparez les barèmes, car ils grignotent le rendement lorsque la durée de capitalisation se raccourcit.

En clair : maintenir vos versements LPP et 3a lorsque vous décidez de travailler après la retraite offre un double dividende : un revenu futur plus élevé et des déductions fiscales immédiates.

Frontaliers : optimiser un parcours de cotisations mixte France–Suisse

Comment vos périodes suisses et françaises se totalisent-elles ?

Les accords bilatéraux et les règlements européens (CE 883/2004) prévoient la totalisation des périodes assurées : chaque trimestre cotisé en Suisse compte pour valider votre durée d’assurance vieillesse en France (soit 172 trimestres). En pratique :

Vous atteignez ainsi les 172 trimestres exigés pour l’année 2025 et évitez toute décote française, même si chaque régime continue de calculer et de verser sa propre pension au prorata des cotisations versées dans le pays concerné.

Stratégies pour combler les trimestres manquants

1. Reporter la rente AVS de 1 à 5 ans : chaque mois ajourné majore votre rente et crée de nouveaux trimestres comptabilisés côté France.

2. Poursuivre une activité salariée ou indépendante en Suisse : au-delà de 65 ans, seules les parts de salaire dépassant la franchise de 1'400 CHF/mois génèrent des cotisations, mais elles sont prises en compte dans la totalisation.

3. Rachats LPP ciblés : si votre deuxième pilier présente des « trous » (années à temps partiel, congés parentaux), un rachat volontaire augmente votre pension professionnelle et réduit votre impôt sur le revenu des résidents suisses ou quasi-résidents frontaliers.

Exemple chiffré : rattraper huit trimestres manquants grâce au report

*Conversions 1 CHF = 1 €. Calcul simplifié à titre d’illustration.

Cumuler emploi & retraite : alternative ou complément ?

Conditions légales pour exercer une activité après 65 ans

Côté suisse

• Vous conservez la franchise AVS de CHF 1'400 par mois ; seules les parts de salaire qui la dépassent génèrent de nouvelles cotisations AVS/AI/APG.

• Votre employeur maintient la couverture accident LAA ; vérifiez néanmoins l’extension de vos assurances maladie et responsabilité civile, car certaines polices plafonnent les garanties après l’âge de référence.

• La caisse LPP peut accepter ou refuser la poursuite des cotisations ; si elle l’autorise, vous renforcez directement votre pension professionnelle.

Côté français pour les frontaliers

• Le cumul emploi-retraite est plafonné tant que le total « salaires + pensions » dépasse 1,6 SMIC brut ou la moyenne des trois derniers salaires (plafond le plus avantageux).

• À partir de 67 ans ou dès le taux plein atteint, vous bénéficiez d’un cumul intégral : le salaire ne réduit plus votre pension CNAV/Agirc-Arrco.

• Vos trimestres supplémentaires n’augmentent pas la pension française ; ils servent uniquement à valider un éventuel taux plein si celui-ci n’était pas acquis.

Effet sur vos revenus, vos cotisations et l’impôt

Ajourner ou cumuler ? Grille de décision rapide

Conseil pratique : avant de choisir, réalisez une simulation globale (pensions FR + CH, impôts, charges sociales) puis comparez le gain net après impôt avec le supplément de rente issu du report. Adavia peut vous accompagner dans cette analyse pour transformer chaque année de travail supplémentaire en véritable atout patrimonial.

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Transformez le report de retraite en levier de patrimoine

Reporter votre retraite de quelques années change véritablement la donne : majoration durable de la rente AVS, cotisations supplémentaires au 2ᵉ pilier, déficit de trimestres comblé côté France, et souplesse pour adapter votre rythme d’activité. Le cumul emploi-retraite reste une alternative viable lorsque vous privilégiez un revenu immédiat, mais le report offre souvent un rendement garanti à vie.

Avant de décider, posez-vous trois questions simples :

1. Quel est le manque à gagner actuel ? Vérifiez vos trimestres et votre projection de pension globale France–Suisse.

2. Quel résultat attendez-vous ? Cherchez-vous un surplus durable de revenus ou un financement rapide ?

3. Quelle est votre capacité de travail ? Mesurez l’impact sur votre santé et vos projets personnels.

Besoin d’y voir plus clair ? Adavia propose un audit personnalisé : simulation pensions, optimisation fiscale, choix entre ajournement et cumul emploi-retraite, ajustement des assurances. Prenez rendez-vous dès aujourd’hui et sécurisez votre revenu de vieillesse avec une stratégie taillée pour vos objectifs.

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